Mais après les ravages de la dernière guerre, au cours de laquelle de nombreuses maisons autour du lac ont été touchées, il fallait s'attendre à retrouver le doux parfum du luxe d'antan.
Le théâtre, qui fait revivre cette atmosphère d'antan, surplombe l'étendue étincelante du lac de Gérardmer. Cette prestigieuse résidence, toute de bois vêtue, se dresse noblement sur un coteau agréablement orné d'une généreuse végétation.
Le Manoir au lac, c'est son nom, est l'un de ces chalets miraculeux comme on n'en trouve plus que rarement sur le Ballon des Vosges. D'ailleurs, la maison possède encore à l'arrière une façade typique à colombages qui ne manque pas de tempérament. Propriété à l'origine de banquiers parisiens (la famille Cahen d'Anvers), le bâtiment est ensuite passé entre les mains d'un industriel avant d'être racheté en 1979 par Claude Valentin, un Gérômois suffisamment inspiré par sa région d'origine pour avoir l'audace d'investir dans un concept pour le moins original.
SUR LES TRACES DE MAUPASSANT
Dès le départ, Claude Valentin était convaincu que la situation du bâtiment au bord du lac et son caractère prédisposaient naturellement le Chalet Cahen d'Anvers à être transformé en un hôtel raffiné. Aux 800 m2 déjà existants, l'heureux acquéreur a ajouté un nouveau bâtiment qui relie aujourd'hui toutes les ailes de la propriété. Douze chambres et deux appartements (ou suites) de caractère ont ainsi pu être aménagés.
Chacune de ces chambres a été dotée d'un nom propre qui permet de distinguer plus facilement le style et les couleurs. De "Mirabelle" à "Bastien" en passant par "Prunelle" et "Don Juan", tout est affaire de goût, et les meubles soigneusement mis en scène confèrent inévitablement aux chambres une personnalité unique. Guy de Maupassant a même séjourné dans une chambre baptisée "Bel-Ami", ce qui ajoute encore plus de noblesse à la poésie déjà présente.
"Le pays que je viens de visiter est l'un des plus beaux que l'on puisse voir. D'immenses vallées enfermées dans des montagnes couvertes d'immenses forêts de pins et de hêtres [...] Au fond de toutes ces vallées, des lacs", écrivait Guy de Maupassant à sa "mère bien-aimée" en 1890.